Une Caravane de livres pour s’inventer de nouvelles histoires

Juin 2025

Catherine Lapointe

Enseignante au primaire pendant 23 ans, maintenant conseillère pédagogique en français et culture et citoyenneté au primaire, autrice et fondatrice de la Caravane littéraire.

Il y a d’abord eu un rêve de forêts, de lacs, de liberté et de lenteur quand j’ai acheté le vieux West 91 qui avait eu trois vies avant moi.

Après quelques voyages près du fleuve, dans les épinettes et aux creux des montagnes, j’ai eu cette bulle: pourquoi ne pas transformer mon West en un genre de bibliothèque roulante? Fusionner trois choses: la liberté, l’amour des livres et les rencontres humaines.

Pour cette quatrième vie, je voulais que La Grande (c’est le nom qu’on lui avait donné à la naissance et que j’ai gardé) se sente en mission. En tout cas, moi je me sentais en mission. Je me suis toujours sentie en mission sociale. C’est notamment pour ça que j’ai choisi d’être enseignante et d’écrire des livres pour les enfants. Je connais l’impact de la présence des livres ou même de leur absence dans la vie des enfants.

J’ai voulu offrir une expérience positive et inusitée avec la littérature, et ce, au plus grand nombre possible de jeunes. L’idée de la Caravane littéraire est donc née dans ma cuisine. Deux jours plus tard, je créais un pilote dans une rue pendant les vacances. La réponse a été claire: sont venus des enfants en vélo et en trottinette. Certains se dépêchaient d’enlever leurs souliers pour aller s’étendre dans la Caravane et lire tranquillement. Parfois, ils lisaient avec leur casque de vélo sur la tête. Souvent, ils aimaient monter à l’étage pour y découvrir la sélection cachée de livres et s’installer dans les couvertures. Je suggérais certains albums à ceux qui ne savaient pas quoi choisir et je partageais mes coups de cœur avec les parents.

La Caravane littéraire a pour mission d’aller vers les familles qui n’ont pas forcément la chance d’avoir accès à une diversité et une qualité de livres. Elle n’est pas une école sur roues, mais un endroit qui matérialise le plaisir de lire, la rencontre avec un livre, un illustrateur, un auteur, une histoire, un fragment d’imaginaire, un point d’ancrage avec le réel, ce dont le coeur a besoin à l’instant où on ouvre le livre qui nous a chuchoté de le prendre.

Avec mon vieux West, je sillonne gratuitement quelques parcs de la ville de Québec pour offrir aux enfants et aux adultes des livres qui font grandir. Ce projet citoyen bénévole saisonnier porte six missions: faire vivre des expériences positives de lecture aux communautés vulnérables; réhabiliter une lecture plaisir pour tous et démocratiser la lecture inclusive; provoquer des maillages sociaux dans des espaces ludiques de médiation littéraire; faire rayonner et valoriser la littérature jeunesse d’ici et d’ailleurs; contribuer à réduire la glissade de l’été chez les jeunes lecteurs à risque en allant vers eux; agir en tant que passeur de culture grâce à des collaborations croisées. La Caravane ne me rapporte rien financièrement. Elle est riche en rencontres: rencontres avec le livre, rencontres avec l’autre.

La Caravane littéraire était avant tout un projet familial. Mes filles m’accompagnaient les premières années et étaient les premières à lire les albums qui garnissaient la Caravane. C’était aussi une astuce déguisée pour qu’elles plongent dans les livres, je l’avoue.

On me demande souvent d’où viennent les livres. De ma passion pour les livres jeunesse, point. Ce sont mes livres personnels. Je dois bien en posséder plus de 600 (d’occasion ou achetés à ma librairie de quartier). J’ai depuis longtemps perdu le compte. Et oui, certains finissent par s’abîmer. Mais c’est la mission du livre d’être lu, utilisé, tourné, retourné, pages écornées et coins usés d’amour.

Alors pourquoi les partager? Parce que c’est la raison d’être du livre de se retrouver entre le plus de mains possibles, de faire pleurer, créer, rire, rêver, voyager et réfléchir les lecteurs. De les aider à se connaître et à aller à la rencontre de l’autre. Le livre sur le cœur.

J’en apprends tellement en peu de temps sur les autres, juste à parler de livres. Par le choix qu’ils font, les commentaires qu’ils émettent. J’en apprends toujours plus sur eux et sur moi.

« Nous avons besoin de livres de partout dans le monde et de tous les champs d’études. Les élèves devraient avoir à portée de main des livres récompensés et aux genres variés qu’ils liront. Chaque classe devrait avoir des centaines de livres qui amèneront curiosité, espoir et vision pour le futur. » (demotsetdecrai.ca) J’aime tellement cette affirmation sans détour et sans compromis. La Caravane embrasse fougueusement cet élan et l’étend à la communauté.

Car un livre est un trait d’union puissant de nous à eux, de livres à livres, de nous entre nous et avec notre vision du monde.

Un livre, c’est puissant.

La Caravane porte tout ça jusqu’aux enfants, aux lecteurs de toutes sortes et aux amoureux des rencontres littéraires. Et pour longtemps j’espère.

Pour suivre la route d’été de la Caravane littéraire, c’est ici.

Et sur Instagram : caravanelitteraire

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